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mardi, août 29, 2006

Les cadres de moins en moins satisfaits par leur niveau de rémunération.

Emmanuel Duteil : Les cadres sont de moins en moins satisfaits par leur niveau de rémunération. Alors qu’ils étaient 50 % l’année dernière à être contents, ils ne sont plus que 40 % cette année, c’est le plus bas niveau depuis le lancement du baromètre il y a cinq ans. Un baromètre réalisé par la CGC. Alors pourquoi, ils ne sont pas satisfaits les cadres ?

Bernard van Craeynest : Je crois que ça relève du sentiment ambiant qui manifeste une inquiétude vis-à-vis des rémunérations. Ils s’aperçoivent qu’ils s’investissent de plus en plus dans l’entreprise, sans pour autant disposer des rémunérations en rapport. Par ailleurs tous les indicateurs des dépenses sont au rouge, que ça soit les loyers, le prix de l’énergie, l’alimentation et bien évidemment, ils ont le sentiment que plus ils travaillent, moins ils sont récompensés.

ED : Oui, c’est ça, quand on entre un petit peu dans les détails de ce baromètre, ils travaillent de trop et ils ne sont pas payés en retour. C'est-à-dire qu’ils donnent un peu trop à l’entreprise selon leur sentiment ?

BVC : C’est ce qui apparaît dans ce sondage, également lorsqu’ils se comparent à des collègues, d’autres entreprises à responsabilité identique, ils se rendent compte pour un tiers d’entre eux, que les rémunérations sont satisfaisantes et donc pour deux tiers, qu’ils ne sont pas payés en retour de leurs efforts.

ED : Mais justement ce dernier chiffre, là, que vous nous citez, ce n’est pas un peu paradoxal, on a toujours l’impression que c’est un peu mieux ailleurs ?

BVC : Certes, on dit toujours que l’herbe est plus verte dans le pré du voisin. Mais mois après mois, on s’aperçoit quand même qu’il y a une tendance de fond qui est manifeste.

ED : Mais c’est vrai que la tendance de fond, c’est le fait qu’ils travaillent de trop, qu’ils ont l’impression que le rapport vie personnelle/vie professionnelle n’est plus suffisant. C’est vraiment dans différentes questions, peut-être c'est ce qui ressort le plus dans ce baromètre, hormis le fait qu’ils ont peut-être le sentiment de ne pas être suffisamment payés en retour ?

BVC : Un investissement de plus en plus important parce qu’il y a une pression sur les prix, il faut toujours produire au meilleur coût, donc il faut toujours optimiser les résultats. On demande plus en plus et il n’y a pas la reconnaissance en retour et ça se manifeste aussi sur les aspects préparation de l’avenir, au travers de la formation, où de plus en plus de cadres considèrent qu’ils n’ont pas non plus la possibilité de se préparer pour affronter les défis de demain.

ED : Mais ce n’est pas très encourageant tout de même, ce baromètre, parce que quasiment tout est orienté à la baisse et le plus bas niveau de satisfaction depuis le lancement du baromètre, il y a cinq ans. Alors que pour autant, quand on regarde les chiffres, l’économie va peut-être un petit peu mieux. Il y a peut-être un petit peu moins de chômage, il y a un pouvoir d’achat qui en tout cas si on en croit les données officielles n’a pas baissé pour autant ?

BVC : Il y a quand même quelques indicateurs qui sont mieux orientés, en particulier sur la pérennité de l’emploi des cadres, le chiffre de ce mois de juillet est meilleur que celui de notre précédent baromètre qui était intervenu au mois de mars. Certes, il faut relativiser, parce que c’était en pleine crise du CPE. Mais on s’aperçoit que 62 % d’entre eux sont plutôt optimistes quant à la pérennité de leur emploi. Par contre sur l’évolution de leur carrière, 47 % seulement considèrent qu’ils ont des perspectives encourageantes.

ED : Vous parliez du CPE à l’instant, on a eu des données hier sur le CNE, le Contrat Nouvelle Embauche, avec des intentions d’embauches et des CNE signés en baisse assez prononcées au mois de juin, ça semble s’essouffler depuis le début de l’année. Ca marche moins bien le CNE ?

BVC : Ça ne me surprend pas. J’avais déclaré à la fin de la crise du CPE que si rien n’était fait concernant le CNE, en particulier sur le problème de la période de consolidation de deux ans et des conditions de la rupture de ce type de contrat, le CNE finirait par disparaître de sa belle mort. Parce que je vous rappelle qu’il a été introduit en précisant aux chefs d’entreprise que ça les mettait à l’abri de tout recours contentieux sur les ruptures du contrat. Or on s’aperçoit qu’il y a un certain nombre de procès en cours, des jugements ont déjà été rendus, certes, ils sont transférés en appel, mais incontestablement les chefs d’entreprise finissent par se rendre compte que le produit qu’on leur a vendu n’est pas tout à fait celui qui était indiqué au départ.

ED : Merci en tout cas d’avoir accepté l’invitation du “ Grand journal ” de BFM, Bernard van Craeyenst, le président de la CGC, ensemble on revenait donc sur ce baromètre sorti aujourd’hui, comme quoi les cadres sont de moins en moins satisfaits par leur niveau de rémunérations.

Propos recueillis sur BFM le 18/07/06